« Ça fait 79 ans que je suis en sursis… »
André Baratte, 95 printemps, est un survivant. Dans la nuit des Rameaux 1944, le jeune homme, 15 ans à peine, est tiré de son lit par de jeunes SS en furie. Il est en pyjama, ne veut pas descendre dans cette tenue… Un minuscule détail, un soubresaut de l’Histoire, qui vont lui sauver la vie.
D’autres n’ont pas eu cette chance. Ils seront 86, cette nuit-là, à être assassinés, dont son père, Gaston Baratte, « un homme bien, quelqu’un d’important dans le village. Il a confectionné des colis pour ceux qui partaient au Stalag, aidé des résistants à se cacher, confectionné des faux-papiers pour les prisonniers évadés… ».
Mardi 20 février 2024, à l’invitation de la Ville, André Baratte, l’un des derniers témoins du drame, a partagé ce vécu avec des CM1 et CM2. Une rencontre émouvante entre deux générations, l’occasion aussi pour les enfants de poser leurs questions, après la projection du film « Les Flambeaux d’Ascq ». Pourquoi ont-ils fait ça, comment se (re)construire, peut-on pardonner… ? « Ça a bouleversé mon destin. Après la mort de mon père, je suis devenu le chef de famille. Je n’ai pas voulu voir son corps, j’ai préféré garder de lui l’image du père-pilier que j’aimais. Je lui ai toujours parlé dans ma tête, lorsque je doutais. J’avais une vie heureuse et puis c’est arrivé et ça peut encore se produire. Alors oui, il faut pardonner. Mais surtout ne pas oublier et transmettre, de générations en générations. »
Et il sera bien présent, André, les 23 et 24 mars prochain. Fidèle au poste et toujours vaillant.