Préserver le nom d’Ascq
À l’annonce de la fusion le 3 février, les habitants d’Ascq s’émeuvent que le nom choisi pour la nouvelle commune – Villeneuve-en-Flandre – efface le nom d’Ascq et le souvenir du massacre des 86 Ascquois dans la nuit du 1er au 2 avril 1944.
Le 5 février, Robert Tréhoust, fils de massacré, s’interroge ainsi dans le courrier qu’il adresse au maire et aux conseillers municipaux : « Faudrait-il donc sacrifier tout un patrimoine affectif, alors qu’après réflexion une solution compromis pourrait concilier l’avenir et le passé ? ». Signée par des Ascquois (le chanoine Louis Wech, Valentine Guermonprez, Élie Derache, …), la lettre demande un ajournement de la décision de fusion, pour envisager un nom qui laisse une place à Ascq.
Le lendemain, trois autres lettres parviennent à la mairie.
Valentine Guermonprez, présidente des Veuves du Massacre, déclare qu’il y a « des noms historiques qu’on n’a pas le droit d’effacer de la carte comme Ascq, Oradour-sur-Glane, le Vercors ». Et elle suggère quelques noms : Villeneuve-d’Ascq, Villeneuve-et-Ascq, Neuville-d’Ascq, …
Jean-Marie Mocq, médecin à Ascq qui a recueilli la parole des familles de massacrés depuis son arrivée en 1963, met en garde les élus « contre la lourde décision d’effacer d’un trait de plume un passé si douloureusement tragique et encore si récent ».
Charles-Emmanuel Claeys, avocat, s’associe lui aussi au vœu des Ascquois pour que le « nom d’Ascq (…) ne soit pas oublié à jamais ».
Les conseils municipaux du 6 février
Les conseils municipaux des communes d’Annappes, Ascq et Flers-lez-Lille ont été convoqués pour le 6 février afin de statuer sur le principe de la fusion, largement préparé par le protocole d’accord signé le 1er février.
Les élus d’Annappes ont fait appel au préfet, le maire Jean Lecoutre – opposé à la fusion – ayant refusé de convoquer le conseil municipal.
Après huit démissions et un décès, le conseil municipal d’Annappes est depuis fin janvier réduit à 15 élus. Il approuve la fusion par 14 voix pour et 1 contre – celle de Jean Lecoutre.
Au sein d’une assemblée envahie par l’émotion, Jean Delattre, maire d’Ascq, lit avec peine les quatre lettres adressées par Valentine Guermonprez, Robert Tréhoust, Jean-Marie Mocq et Charles-Emmanuel Claeys. Par 20 voix contre 2, le conseil municipal adopte le principe de la fusion, avec « la réserve suivante : le nom d’Ascq, ville martyr, doit demeurer sur la carte et sur tous les actes officiels ».
Au conseil municipal de Flers-lez-Lille, deux points sont à l’ordre du jour. L’assemblée décide d’abord la suppression du Syndicat de la Marque dont les compétences sont maintenant assurées par la Communauté urbaine de Lille. Puis, les élus votent à bulletin secret et adoptent le principe de la fusion par 13 voix pour, 7 contre et 1 nul.
Il va rester aux élus à s’entendre sur le choix d’un nom pour la nouvelle commune.
Recherche documents d'archives
Les personnes possédant des documents sur cette période de création de la ville sont invitées à contacter les Archives municipales qui pourront numériser pour les conserver comme témoignages. Ils leur seront ensuite restitués – archives [arobase] villeneuvedascq [point] fr