Le groupe de résistants dit « le groupe d’Ascq »
Il est constitué de Paul Delecluse qui habitait sur la RN 41 et travaillait aux ateliers d’Hellemmes de la SNCF. Adhérant à la SFIO dans les années 1930, il est fait prisonnier dans la poche de Dunkerque en 1940, mais parvient à s’évader de la colonne qui passe à Ascq sur la route nationale. Il reprend alors son travail aux ateliers d’Hellemmes.
Paul Delescluses va recruter, entre autres, pour faire partie du groupe de sabotage d’Ascq 4 cheminots, travaillant également aux ateliers d’Hellemmes : Daniel Depriester, Henri Gallois, Edouard Lelong et Louis Marga.
Daniel Depriester habite rue Masséna. Avec son frère, il a participé au transport d’armes provenant d’un parachutage dans la cave de Jeanne Cools.
Henri Gallois, le plus jeune, à peine 30 ans, habite également sur la RN 41. Il a accroché le drapeau français, interdit par l’Occupant, sur le monument aux morts d’Ascq pour fêter la libération de la Corse en septembre 1943.
Edouard Lelong habite rue du Maréchal Foch. Il est celui qui a fourni des armes à l’abbé Cousin pour entrainer les jocistes.
Louis Marga, le plus âgé (45 ans) réside rue Kleber dans la maison du garde-barrière dont la fonction est assurée par son épouse tandis qu’il est chef cantonnier à la SNCF.
Jeanne Cools, habite sur la RN 41 près de chez Paul Delecluse et travaille comme employée à la préfecture de Lille. C’est dans la cave de son domicile que sont stockées en février 1944, 1 à 2 tonnes d’armes et munitions qui doivent être distribuées dans la région lilloise. En effet, la mission de répartition de ces armes entre les différents groupes de résistants Voix du Nord, auquel appartenait le groupe d’Ascq, avait été confiée à Paul Delecluse.
Jeanne Cools héberge également secrètement Eugène Mangé, domicilié à La Madeleine et recherché par la police. Ce dernier a participé en 1943 au sabotage de l’écluse de Saint André. En 1944, il a ramené à Ascq avec une camionnette les armes stockées chez Jeanne Cools après qu’elles aient séjourné dans le hangar de la ferme Castelain.
Dans la nuit du 27 au 28 mars, Paul Delecluse décide de poser des explosifs au kilomètre 7570 sur la voie ferrée qui traverse Ascq. Mais c’est un échec, le désordre de l’explosion n’entrainant qu’un arrêt de la circulation de moins de 3 heures.
Le 29 mars, Maurice Pauwels, un des responsables du mouvement de résistance Voix du Nord décide alors d’organiser une séance d’instruction du groupe d’Ascq, avec une application pratique au kilomètre 9.1 sur la voie entre Ascq et Tressin. Mais le groupe est surpris par le passage d’un train en provenance de Baisieux et l’explosion n’est pas un succès.
Cette nouvelle explosion suscite alors la désapprobation de nombreux Ascquois, dont des résistants comme Gaston Baratte et Léon Dewailly qui craignent des représailles.
Toutefois le groupe d’Ascq va décider d’effectuer un nouveau sabotage au kilomètre 7150, près du passage à niveau du Quennelet dans la nuit du 1er avril 1944 entrainant les représailles du massacre d’Ascq.
Afin d’arrêter les membres de la résistance, les autorités allemandes décident rapidement de faire infiltrer le mouvement Voix du Nord par un contre-espion, Marcel Denèque. Ce dernier se faisant passer pour un agent de Londres visite le 19 avril le dépôt d’armes de la cave de Jeanne Cools.
Le 21 avril le quartier est bouclé par l’armée allemande et les armes saisies.
Eugène Mangé, Paul Delecluse et Jeanne Cools sont arrêtés par la police militaire allemande. Fin avril ce sera le tour d’Henri Gallois, Louis Marga, Daniel Depriester et Raymond Monnet, habitant d’Hellemmes qui a participé au sabotage de la voie ferrée le 29 mars, mais pas à celui du 1er avril.
Les six hommes seront fusillés le 7 juin 1944 au fort de Seclin. Jeanne Cools sera détenue à la prison de Loos jusqu’à la Libération.
Liste des fusillés du 7 juin 1944, morts au fort de Seclin
- Paul Delecluse, 33 ans, habitant d’Ascq, ayant participé à la pose de la charge explosive dans la nuit du 1er avril.
- Eugène Mangé, 38 ans, habitant de La Madeleine, ayant participé à la pose de la charge explosive dans la nuit du 1er avril.
- Henri Gallois, 29 ans, habitant d’Ascq, ayant participé à la pose de la charge explosive dans la nuit du 1er avril.
- Louis Marga, 45 ans, habitant d’Ascq, ayant participé à la pose de la charge explosive dans la nuit du 1er avril.
- Daniel Depriester, 30 ans, habitant d’Ascq, non présent lors de la pose de la charge explosive dans la nuit du 1er avril.
- Raymond Monnet, 33 ans, Habitant d’Hellemmes, non présent lors de la pose de la charge explosive dans la nuit du 1er avril.
Rue des Fusillés-du-7-juin 1944
Sur la proposition de Lucien Wartel, chef de la Résistance locale, le conseil municipal d'Ascq attribue le 15 février 1945 le nom de rue des Fusillés-du-7-Juin à la Route nationale 41. Un arrêté préfectoral du 18 août 1945 approuve cette délibération. Un additif voté le 28 février 1945 modifie le nom en rue des Fusillés-du-7-Juin-1944. Le même jour, le conseil municipal décide l’achat de quatre plaques
à poser en juin. L’inauguration a lieu le 10 juin 1945 en accord avec le Comité local de Libération. Les dépenses sont réglées par un crédit de 2 000 F inscrit au budget additionnel de 1945.
Monument des Fusillés
Un comité d’honneur pour l’érection du monument aux fusillés de la Résistance est formé. Il est composé d’Isidore Hofman, président d’honneur, maire d’Ascq, de Lucien Wartel, président actif, de Jean Dusart, vice-président, de Charles Tiedrez, secrétaire, et d’André Macou, trésorier.
Le 29 octobre 1946, le comité sollicite le don d’une partie de terrain cadastré A 725 appartenant au bureau de bienfaisance d’Ascq et situé à l’entrée du cimetière communal pour la pose de son monument.
Le 27 décembre 1946, le conseil municipal d’Ascq donne un avis favorable à la cession par le Bureau de bienfaisance d’une partie de terrain situé devant le cimetière pour y ériger un monument en mémoire des fusillés.
En mars 1947, la Commune accorde une subvention de 10 000,00 F au Comité pour l’érection du monument, présidé par Louis Wartel, également à la tête du Comité local de Libération. Une souscription publique est lancée.
Sur intervention d’Augustin Laurent, député du Nord, résistant et ancien ministre, le ministère de la Jeunesse, des Arts et des Lettres assure le 25 mars 1947 qu’il accorde toute sa bienveillance au projet de monument.
La maquette et la conduite des travaux du monument sont réalisés par Fernand Debruyne, directeur de l’école communale d’Ascq et ancien résistant. Il représente les vestiges symboliques d’un fort, de l’ouverture d’une casemate et un poteau d’exécution.
Le 13 juillet 1947, le président de la République, Vincent Auriol, pose la première pierre du monument (le même jour que la pose de la première pierre du mémorial des massacrés d’avril 1944). Une gerbe offerte par le Comité de Libération est déposée. Lucien Wartel et Vincent Auriol prononcent un discours.
Le projet est approuvé par la Commission départementale des monuments commémoratifs dans sa réunion du mercredi 17 septembre 1947. Le 17 octobre 1947, l’arrêté préfectoral autorise officiellement l’érection du monument.
La pose et la taille sont réalisées par le marbrier DUJARDIN pour un prix raisonnable.
Le monument est inauguré le dimanche 12 octobre 1947.
Extrait du discours de Lucien Wartel : « Ce monument représente les vestiges symboliques d’un fort et l’ouverture d’une casemate par
laquelle nos héros virent pour la dernière fois notre beau ciel de France. C’est en chantant la marseillaise qu’ils sont tombés sous les balles de leurs bourreaux adressant leur dernière pensée aux leurs et espérant que leur sacrifice ne serait pas vain. »